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M Le magazine du Monde – 2014
Le bel âge
Passé 20 ans, les digestifs charentais et gascons livrent toute la noblesse de leurs arômes. Voyage dans le temps.
Par Roberto Petronio/illustration Lauren Mortimer
Si cognac et armagnac partagent certains cépages, notamment l’ugni blanc et la folle blanche, leurs méthodes de distillation respectives double en cognac, simple en Armagnac favorisent leurs différences. Une distinction qui s’accentue avec le temps, ce dont attestent tous les cognacs et armagnacs, d’au moins 20 ans d’âge, de cette sélection. À ce stade, l’eau-de-vie charentaise révèle un certain soyeux, des notes d’épices et de fleurs, une finesse que l’on ne trouve pas dans ses jeunes années. De son côté, l’eau-de-vie gasconne gagne en noblesse et libère des arômes tertiaires de sous-bois, de tabacs, de fruits secs et d’épices, asseyant la réputation des armagnacs millésimés. Hélas, trop peu de maisons possèdent encore des cuvées de plus de 30 ans. Les meilleurs nectars des deux régions, dont voici un bel échantillon, n’en apparaissent que plus précieux…
LES COGNACS
Grosperrin
PETITE CHAMPAGNE 1969, 19,5/20
La signature Grosperrin se retrouve toujours à travers des eaux-de-vie d’une grande pureté d’arômes. Elles ont le tempérament et cette densité des cognacs non réduits (sans ajout d’eau) qui se traduit par un fort de- gré d’alcool. Mais une fois étalonnée, cette petite champagne délivre une explosion de fleurs et d’épices d’une rare intensité. Une eau-de-vie qui, si vous ne l’agitez pas dans le verre, ni ne la triturez en bouche, libérera toute son intensité et sa complexité. Singulier mais sublime. 270 €
Grosperrin
FINS BOIS CUVEE 1967, 18,5/20
Cette cuvée est probablement un 1967 qui a perdu l’identité de son millésime en cours de route. Un terroir qui n’a ni la puissance de la Grande Champagne, ni le raffinement de la Petite Champagne, mais qui délivre une belle énergie en bouche avec un parfum évoquant le cuit, la blague à tabac et les épices. Fougueux, mais fin. 200 €