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Sud Ouest : Une maison de cognac réinvestira les quais
Une maison de cognac réinvestira les quais
Guilhem Grosperrin (au second plan) est aujourd’hui à la tête d’une PME de sept salariés. PHOTO DOMINIQUE PARIES
PARIES DOMINIQUE
Basé à Chermignac, les cognacs de collection Jean Grosperrin s’installeront dans les anciens chais Martineau à compter de février 2012.
ASaintes, le cognac appartient au passé depuis déjà une vingtaine d’années. Les noms de Mestreau, Martineau, Rouyer-Guillet associés, autrefois, à la production et au négoce du cognac demeurent dans les mémoires des plus anciens. Ceux-ci se souviennent d’une activité intense quai de l’Yser, rues de la Roche et de Courbiac. Chais, distilleries et tonnelleries participaient, alors, à l’économie locale.
Et puis la roue a tourné. La grande maison Rouyer-Guillet fut vendue en 1987 à la Compagnie de Guyenne qui, cinq ans plus tard, abandonna Saintes. La législation évoluant, les stocks d’alcool durent, alors, quitter la ville.
Démolis, les chais Rouyer-Guillet ont laissé place, quai de l’Yser, à une résidence de luxe en 2001. Rachetés à la coopérative Synthéane par la Sémis (1), les chais Martineau ont été transformés, depuis 2005, en village d’entreprises.
Un distillateur lorrain
Ironie du sort, l’un des premiers nouveaux occupants de ce village d’entreprises sera La Gabare, une maison de cognac créée en 1999 par Jean Grosperrin et dirigée, depuis 2004, par son fils Guilhem.
Originaire de Lorraine où il était distillateur ambulant, Jean Grosperrin débarque à Cognac en 1992, où il vendra d’abord des alambics puis deviendra courtier de campagne (2).
En 1999, la crise du cognac le contraint à une nouvelle remise en question. Chez lui, à Richemont, Jean Grosperrin se lance dans la mise en bouteilles de cognacs certifiés millésimés. À l’époque, le millésime est fort peu pratiqué dans les Charentes et il va développer cette activité de « cognacs de collection ».
Guilhem, son fils, installe l’entreprise en 2004 à Chermignac dans des chais rachetés à la famille Vallein-Tercinier. Il décuple le chiffre d’affaires sans varier de philosophie. « Je n’ai aucun préjugé. Il y a aussi de très bons cognacs en Bois ordinaires. Nos meilleures ventes s’effectuent sur un cognac produit dans l’île d’Oléron », confie-t-il.
Rappelant le bateau à fond plat transportant les tonneaux de cognac sur la Charente, La Gabare travaille sous le strict contrôle d’huissiers. « La législation l’impose pour le cognac millésimé. Chacune de nos mises en bouteilles se concentre sur une seule propriété, une seule distillerie et, même, un seul fût », explique Guilhem Grosperrin.
À l’étroit à Chermignac
Diffusés par plus de 400 cavistes indépendants à travers la France, les cognacs de collection Jean Grosperrin réalisent la moitié de leur chiffre d’affaires dans l’hexagone.
Confronté dès 2006 à l’exiguïté des chais de Chermignac, Guilhem Grosperrin a cherché une solution de développement. Ne tenant pas à investir « l’arène » – c’est-à-dire Cognac -, trop « fatigante, démoralisante » pour quelqu’un qui n’est pas du sérail, ce jeune entrepreneur de 32 ans a déniché une belle opportunité sur les quais de Saintes.
Son projet a d’autant plus séduit Jean Rouger, le maire, que Guilhem Grosperrin aménagera aussi sur le site une vitrine du cognac, pineau et autres produits régionaux. Il stockera et mettra en bouteilles dans les anciens chais Martineau réaménagés en respectant la législation. La maison n’entreposera donc pas plus des 500 hectolitres d’alcool pur autorisés sur le site, Chermignac demeurant le site de stockage principal.
Guilhem Grosperrin investit 1,2 million d’euros dans cette opération qui réinstalle une maison de cognac sur les bords de la Charente. Séduit lui aussi par sa démarche, le Conseil général l’accompagnera avec une subvention substantielle de 25 000 euros.
(1) Sémis : Société d’économie mixte immobilière de Saintonge. (2) Dans les régions de production, les courtiers en vins et spiritueux dits « de campagne » mettent en rapport, moyennant rémunération, les producteurs ou vendeurs de vins, spiritueux et dérivés, avec des négociants