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Actualités

Sud Ouest – 2014

Mestreau est un musée, il redevient un cognac

NÉGOCE La Gabare marque son enracinement en faisant revivre un cognac lié à la famille Mestreau, du nom du musée d’art régional

SÉVERINE JOUBERT s.joubert@sudouest.fr

La renaissance du cognac Mestreau presqu’un siècle après sa disparition est une jolie histoire rendue possible grâce à Guilhem Grosperrin, jeune chef d’entreprise à la tête de la petite société de négoce en cognac La Gabare, qui s’est installée à Saintes voici deux ans.

À travers cette entreprise, Saintes renoue discrètement avec son XIX’ siècle quand le négoce en cognac disposait encore de belles maisons avant d’être aspiré progressivement par Cognac, centre nerveux des décisions.

Rouyer-Guillet, EDR Niox, Martineau ou encore Mestreau, tells étaient les noms de ces négociants qui rayonnaient sur la ville. L’influence de ces familles fut économique mais aussi politique et culturelle. C’est le cas de la famille Mestreau [Lire ci-contre].

La relance du cognac Mestreau est due une série de hasards que Guilhem Grosperrin s’est employé à ne pas laisser au hasard justement.

Reçu par l’héritière

Il y a quatre ou cinq ans, le chef d’entreprise est contacté par un courtier qui lui fait état de l’existence d’un lot de 300 bouteilles de cognac de 1820. Quelques flacons ont déjà été vendus aux enchères mais à ce rythme, la vente risque de s’éterniser.

Guilhem Grosperrin se souvient parfaitement le jour où il a découvert l’ensemble des bouteilles, au nord de Paris dans les caves d’un magnifique château planté au cœur d’un grand parc. Il est reçu par Christiane Dupuy-Mestreau. Guilhem Grosperrin, qui est en quête permanente d’eaux-de-vie rares, goûte. Elles lui plaisent. Ils les négocient pendant plusieurs mois.

En réalisant le lien de Mestreau avec Saintes, en discutant avec Christiane Dupuy-Mestreau qui aimerait tant voir la marque revivre, Guilhem Grosperrin saisit l’occasion de la faire renaître. Il commande une monographie sur la maison Mestreau à Cédric Trochut, auteur d’un livre sur le cognac à Saintes.

Ces recherches lui permettent très prosaïquement d’obtenir le droit d’utiliser l’étiquette Mestreau. Guilhem Grosperrin s’est aussi pris d’affection pour le personnage de Frédéric Mestreau (1825-1891), négociant et homme politique « plein de panache, républicain, défenseur de l’école laïque et obligatoire. Et qui a eu le courage de s’opposer à Napoléon » dans une région plutôt proche de l’Empire.

Bientôt en France

Économiquement, le patron de La Gabare positionne les cognacs Frédéric Mestreau & co sur une qualité un peu moins élevée que pour la collection phare Grosperrin.

Moins élevée mais tout de même de très belle exigence, salueront les amateurs. Le VSOP compte 20 % de folle blanche, 40 % de petite champagne et 40 % de borderie ; le XO est une fine champagne (60 % de grande champagne et 40 % de petite champagne) avec des eaux-de-vie de minimum 35 ans. La cuvée Abel-Mestreau est un petite champagne avec des eaux-de-vie de 40-50 ans.

La gamme Frédéric-Mestreau est déjà commercialisée à l’étranger Elle va faire son entrée sur le marché français dans quelques semaines. Pour accompagner ce lancement et la renaissance du cognac Mestreau à Saintes, Guilhem Gropserrin a sollicité le musée Dupuy-Mestreau, l’office de tourisme et la compagnie Théâtre Bouche d’ordre pour deux soirées à la fois culturelles et gustatives. La première a eu lieu mercredi, la seconde est ce mercredi.

“Abel Mestreau, la part de l’ange », mercredi, à 20 h 30 au musée Dupuy-Mestreau 4, rue Monconseil. Tarif réduit :18 € Sur réservation au 05 46 74 23 82. Dégustation de cognacs après la visite

LES MESTREAU

ABEL, FRÉDÉRIC
Le musée d’art régional Dupuy-Mestreau est un héritage de l’influence des Mestreau. Abel Mestreau (1854- 1939) a amassé de très nombreux objets d’art décoratif et populaire, d’Aunis et de Saintonge. Pour les stocker et les exposer, il s’était résolu à acheter en 1920 un hôtel particulier, rue Monconseil. Le musée est propriété de la ville depuis 1992. Le père d’Abel, Frédéric Mestreau (1825-1891), était donc négociant en cognac et fervent opposant du Second Empire. Il a été préfet de la Charente-Inférieure, mais aussi député sénateur et conseiller général du canton de Saujon.

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